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Congrès SFD 2023, ce qu’il faut retenir !

Au-delà des moments d’échange et de partage, le congrès annuel de la Société francophone du diabète (SFD) permet aux professionnels de santé de se mettre à jour sur les actualités en matière de prise en charge des patients diabétiques. Quelles sont les dernières études et recommandations ? Quelles sont les innovations ? Quelles sont les perspectives ? Le Pr. Éric Renard, endocrinologue au CHU de Montpellier, à l’Université de Montpellier et vice-président de la SFD, fait le point avec nous sur les sujets phares de l’édition 2023.

Quelles sont les thématiques phares qui ont été abordées cette année ?

Comme chaque année, beaucoup de sujets ont été traités. Je retiendrai notamment la prévention du diabète de type 1 (DT1), les actualités autour de la boucle fermée, les différentes facettes du diabète de type 2 (DT2), les liens entre diabète et tabac ou encore le développement de la profession d’infirmiers en pratique avancée (IPA).

Qu’a-t-on appris sur la prévention du diabète de type 1 ?

Une conférence très intéressante de Roberto Mallone a permis d’expliquer les différentes phases de développement du DT1 avec notamment les prédispositions et la présence d’anticorps spécifiques avant les premières anomalies glycémiques. En ce qui concerne la prévention, il a présenté ce qui était actuellement possible ou en développement. En effet, quand ces anticorps sont présents, la question d’immuno-intervention se pose avec, en particulier, le premier anticorps monoclonal, le téplizumab (anti-CD3), dont les résultats d’étude montrent qu’il permet de différer l’apparition du DT1. Il s’agit de données précoces, mais qui ont permis sa validation par la FDA (Food drug administration) aux États-Unis. C’est donc une incitation à rechercher ces anticorps chez les apparentés DT1 (dans une fratrie dont un des membres est DT1 par exemple), afin d’essayer d’identifier le risque de développer la maladie, la perspective étant une immuno-intervention. Celle-ci n’est pas validée, pour le moment, en France, mais cela laisse un espoir de pouvoir intervenir avant que la maladie n’apparaisse et de pouvoir la différer. Pour l’instant, les études ont évalué une seule série de perfusions de cet anticorps monoclonal avec des résultats qui paraissent intéressants. La question est de savoir s’il faut réitérer ces perfusions pour retarder encore plus, voire définitivement, le développement de la maladie. C’est en cours d’évaluation. C’était un sujet très original, qui ouvre une perspective sur des interventions médicales que nous ne faisions pas jusque-là.

Quelles sont les actualités autour des boucles fermées ?

Comme depuis quelques années, la boucle fermée présente un fort intérêt lors du congrès de la SFD. Cette insulinothérapie “automatisée” se développe de manière importante en France, puisqu’il y aurait 10 à 15 000 personnes équipées actuellement, avec de plus en plus d’expériences des diabétologues à ce sujet.

Les critères de mise sous boucle fermée ont été beaucoup discutés lors de ce congrès, car ils étaient initialement assez stricts avec notamment la nécessité de maîtriser l’insulinothérapie fonctionnelle. On s’est aperçu que chez certains patients, motivés, qui ne remplissaient pas parfaitement les critères, la mise sous boucle fermée permettait tout de même d’améliorer significativement le contrôle glycémique, notamment chez les adolescents. Cela augure une possibilité d’ouvrir plus largement cette technologie à des personnes motivées prêtes à suivre le cursus éducatif même s’ils ne sont pas parfaitement maîtres du comptage des glucides et des ratios insuline/glucides.

Il y a eu également des expériences rapportées de grossesses qui ont été menées sous boucle fermée avec des résultats positifs.

Pour rappel, actuellement trois dispositifs sont disponibles en France : MiniMedTM 780G, Tandem Control-IQTM et DBLG1 de Diabeloop, même si pour ce dernier l’entreprise travaille à l’amélioration de la pompe. Le dispositif CamAPS FX, attendu,  a obtenu sa validation par la HAS juste avant le congrès. Par ailleurs, les études sur l’Omnipod® 5 débutent en France, sur lesquelles la HAS s’appuiera pour donner son avis. Ce dispositif est également très attendu car il s’agira de la première boucle fermée avec un patch pompe.

Peut-on aujourd’hui distinguer les différentes formes de diabète de type 2 ?

Plusieurs communications ont traité des différentes facettes du DT2. Je pense notamment aux essais de “déchiffrement” des endotypes du DT2, puisqu’on sait qu’il s’agit d’une maladie très hétérogène, avec des patients rapidement insulinodépendants, d’autres plus tardivement insulinodépendants, mais plus insulinorésistants. Il y a eu des propositions de classification notamment par les Scandinaves il y a quelques années. Ce n’est pas encore tout à fait bien établi, mais cela permettrait de distinguer les différentes formes de DT2 et d’orienter les patients vers telles ou telles thérapeutiques en fonction de leurs caractéristiques (défaut d’insulinosécrétion, insulinorésistance…). C’est un travail en cours, qui souligne l’hétérogénéité du DT2, et pourrait permettre à terme une meilleure prise en charge.

Quels sont les liens entre tabac et diabète ?

Ce thème avait été assez peu abordé jusque-là. Le Pr. Vincent Durlach, président de la Société francophone de tabacologie, a abordé cette année les risques du tabagisme pour induire un DT2. En effet, le fait de fumer entraîne une certaine insulinorésistance, donc, chez les sujets à risque, cela peut promouvoir l’apparition du diabète. Il a également fait le point sur toutes les conséquences néfastes du tabac en particulier sur le plan vasculaire avec l’augmentation du risque des complications macrovasculaires. Un fort accent a été mis sur la nécessité d’essayer de faire arrêter de fumer les patients à risque de devenir diabétique ou déjà porteurs d’un diabète, car il y a tout de même plus d’un quart des patients avec un diabète qui sont fumeurs.  

Qu’apportent les infirmiers en pratique avancée en diabétologie ?

Cette nouvelle profession était en quelque sorte un chaînon manquant qu’il y avait dans la prise en charge des patients porteurs de diabète, entre les diabétologues, les infirmiers d’éducation et les diététiciens. Il a été largement souligné l’intérêt de cette profession qui est un peu intermédiaire entre médecins et infirmiers avec des responsabilités propres de suivi, de prescription, toujours en lien avec un diabétologue. Les IPA sont très importants pour faciliter la prise en charge, et surtout le suivi des patients avec un diabète, notamment ceux qui ont besoin de plus d’attentions. Les IPA peuvent également être impliqués dans la télésurveillance, ce qui participe au renforcement du suivi. Ils ont la possibilité de modifier les prescriptions dans le cadre prédéfini avec le diabétologue et ont un devoir d’alerte quand ils s’aperçoivent que le programme thérapeutique n’est pas efficace. Ils ont aussi un rôle dans le dépistage des complications et peuvent prescrire certains examens tels que des fonds d’œil, des bilans cardiaques ou encore des examens biologiques pour détecter une éventuelle atteinte rénale par exemple. Il s’agit d’une vraie collaboration avec le diabétologue avec lequel l’IPA travaille.

Quel bilan tirez-vous de cette édition ?

C’était une très belle édition, avec un taux de participation très important (4 500 participants, dont 300 à distance), avec très peu d’absentéisme (moins qu’à Nice en 2022), malgré le contexte social et les difficultés dans les transports, ce qui prouve la motivation des diabétologues et des paramédicaux à venir à ce congrès.

Et l’année prochaine ?

La prochaine édition aura lieu en mars 2024, à Toulouse. Il y aura bien sûr une certaine continuité par rapport aux thématiques de cette année avec également de nouveaux sujets en fonction de l’actualité. Nous commençons d’ores et déjà à y travailler !

Pour en savoir plus : les replays sont disponibles sur www.congres-sfd.com.

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