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ADNF NHC Isis Diabète. Les Assises de Diabétologie et de Nutrition Françaises

ADNF : une édition très riche cette année !

Du 20 au 23 septembre 2023 a eu lieu la 4e édition des assises de diabétologie et de nutrition françaises (ADNF) à Porticcio, en Corse. Organisées tous les 2 ans, par NHC et ISIS, elles sont l’occasion de mettre en lumière les innovations thérapeutiques et les dernières avancées technologiques en diabétologie. Le programme était riche cette année, comme le décrit le Dr Xavier Piguel, chef de service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition du CHU de Poitiers et membre du comité scientifique des ADNF (3 et 4es éditions). Il revient en détail sur les sujets qui ont marqué ces deux journées.

Quel est le bilan de l’édition 2023 des ADNF ?

Plutôt très bon ! Les retours ont été très positifs, essentiellement bien sûr des participants, mais aussi des orateurs qui étaient globalement très satisfaits des échanges avec la salle. En effet, je pense que l’un des points forts de ces ADNF réside dans son format qui permet la présence d’environ 120 participants, ce qui est suffisant pour avoir une belle masse critique de diabétologues, mais aussi pour permettre des échanges le plus possible interactifs avec les intervenants, que ce soit en plénière ou en ateliers. De plus, nous avons bénéficié de la présence d’intervenants à la fois de renom et de terrain qui témoignent de leur expérience ce qui permet de proposer un programme de qualité. 

Quelles ont-été les sessions marquantes des ADNF 2023 ?

La boucle fermée, en pratique

Bien évidemment, les ADNF n’ont pas échappé à la boucle fermée qui est le sujet brûlant de ces 2 dernières années. La première journée y était consacrée, avec, le matin, une présentation des différentes boucles fermées disponibles en France (MiniMed™ 780G/SmartGuard™, Control-IQ™ et CamAPS® FX). Au-delà des aspects un peu théoriques, ce qui était original, c’est que chacun des orateurs devait expliquer pourquoi il s’agissait de leur système de boucle fermée préféré. L’après-midi, il y avait des ateliers interactifs qui ont particulièrement été appréciés par les participants et ont suscité beaucoup d’échanges. Chaque atelier, très pratique, était dédié à un système de boucle fermée et animé par des experts de cette boucle. Chaque participant est reparti avec des “trucs et astuces” pour adapter les paramètres de chaque système.  

La télésurveillance enfin valorisée

Lors de la seconde journée, nous avons bénéficié d’un heureux hasard de calendrier. En effet, depuis le temps que nous l’attendions, le décret sur la prise en charge financière de la télésurveillance dans le diabète avec les différents niveaux de sévérité est paru la veille de la session « la télésurveillance des patients diabétiques avec Glooko XT » présentée par Laurent Nicolas, directeur général de Glooko France, qui a ainsi pu faire un « up to date ». Cela ne pouvait pas mieux tomber !

Télésurveillance diabète majorations négociées

Cette session était importante notamment car, dans cette assemblée, nous avons à peu près pour moitié des hospitaliers et pour moitié des libéraux et la pratique de la télésurveillance intéresse aussi bien les uns que les autres, avec des fonctionnements qui sont différents (équipe hospitalière versus praticiens seuls en cabinet).

Néanmoins, que l’on soit hospitalier ou libéral, l’intéressement financier est essentiel, soit parce que son administration la réclame pour financer une infirmière, soit pour financer sa propre activité. Il était donc très intéressant d’avoir d’une part une mise à jour de ces nouveaux forfaits, et d’autre part la présentation d’une plateforme qui soit la plus interconnectée possible avec le plus de dispositifs possibles (pompes à insuline, capteurs, lecteurs de glycémie, etc.). En effet, c’est ce que le soignant demande : ne pas avoir plusieurs plateformes différentes, car c’est ingérable en consultation. Cette session faisait parfaitement le lien avec les sessions de la veille, puisque dans le niveau 2 de télésuivi, il y a l’initiation et le suivi d’une pompe à insuline en boucle semi-fermée.

Les traitements désormais disponibles pour l’obésité

Le deuxième jour également, nous avons proposé une session dédiée à l’évolution des pratiques pour la prise en charge du poids. En effet, les endocrinologues/diabétologues prennent aussi en charge de nombreux patients en situation d’obésité et, jusqu’à il y a environ 1 an, les options thérapeutiques médicamenteuses, hors chirurgie bariatrique, étaient extrêmement limitées. Il y avait certes le liraglutide, sous la forme de Saxenda®, en injections quotidiennes, mais sans remboursement, ce qui est quand même un très gros frein quand le patient doit débourser 200 à 400 € par mois. Depuis, plusieurs molécules ont été développées, avec, par exemple, le sémaglutide, un analogue du GLP1 hebdomadaire, qui bénéficie d’un accès précoce depuis 1 an, et qui permet d’obtenir des bons résultats en termes de perte de poids.

D’autres molécules, avec des indications un peu plus confidentielles, ont également été présentées, comme la setmélanotide. Je dis confidentielles, car cela concerne les obésités hypothalamiques, mais cela ne l’est pas tant que ça pour les endocrinologues. Pour ces patients qui présentent des obésités sévères, qui sont régulièrement en échec thérapeutique et pour lesquels, bien souvent, la chirurgie bariatrique n’est d’ailleurs pas indiquée, on s’achemine enfin vers des options thérapeutiques qui peuvent être intéressantes.

Le jeûne intermittent : comment conseiller les patients ? 

En termes de nutrition, le Pr Bogdan Galusca a proposé une mise au point très intéressante sur le jeûne intermittent. Il a fait le point sur les données de la littérature disponibles et a donné beaucoup d’informations aux prescripteurs parfois démunis que nous sommes face à des patients qui lisent beaucoup de choses sur Internet, sur des blogs, etc. sur l’apologie du jeûne intermittent. En effet, ce type de régime peut éventuellement être efficace quand on est un acteur californien, mais peut-on le préconiser à nos patients en situation d’obésité ?

Les pratiques de demain

La dernière session était consacrée aux pratiques de demain. En premier lieu, nous avons abordé le futur imminent des boucles fermées, en particulier la boucle fermée avec les pompes patch, avec un bel « overview » du Pr Éric Renard sur l’Omnipod® 5. Il s’agit quasiment de la seule corde qui manque à notre arc thérapeutique, les pompes patch étant celles qui sont majoritairement prescrites car l’absence de tubulures est séduisante pour beaucoup de patients. Une sortie est annoncée avec un remboursement probablement pour le deuxième semestre 2024. Peut-être que pour la prochaine édition des ADNF (en 2025), nous pourrons avoir une présentation sur un retour d’expérience !

Ont aussi été abordées les thérapies digitales. Il y a effectivement la télémédecine qui comporte la télésurveillance, la télé-expertise, les télé-staffs, mais il y a aussi ces thérapies digitales qui sont des dispositifs possiblement remboursés par l’Assurance maladie, qui reposent sur des essais cliniques avec de l’evidence based medicine et qui, avec un support numérique, vont permettre au patient soit un renforcement en termes d’éducation thérapeutique, une motivation sur l’alimentation ou l’activité physique ou des procédures d’adaptation du traitement insulinique. Nous n’en sommes qu’au début, mais il s’agit vraisemblablement d’une évolution qui va prendre de l’ampleur et qui peut peut-être en partie répondre à la désertification médicale et paramédicale.

Un coup de coeur aux ADNF ?

Lors de la session sur les pratiques de demain, nous avons pu découvrir, via un film, une expérience réalisée par l’équipe du Dr Saïd Bekka à Chartres « Pousser la boucle ». Il s’agissait de l’aventure de patients diabétiques de type 1, sous boucle fermée, pas forcément sportifs initialement, qui ont préparé, pendant 2 ans, l’ascension de l’Annapurna au Népal. Je pense notamment au témoignage extrêmement émouvant d’un patient d’une quarantaine d’années qui exprimait avec beaucoup d’amertume le fait qu’à l’âge de 12 ans, on lui avait refusé une classe de neige parce qu’il était diabétique. C’était une sacrée revanche pour lui d’avoir gravi l’Annapurna. Le fait de voir comment ces personnes ont pu se dépasser, en toute sécurité sur le plan diabétique, était vraiment fascinant. 

Les ADNF sont organisés par NHC et Isis Diabète