La boucle fermée hybride mylife Loop CamAPS FX : un système innovant et adapté aux enfants
La boucle fermée hybride mylife Loop CamAPS FX est un nouveau système de boucle fermée hybride. Le Pr Jacques Beltrand, diabétologue pédiatre à l’hôpital Necker à Paris, nous explique comment fonctionne et quelles sont les innovations de ce dispositif. Il évoque également quels sont les avantages pour les patients et pour les équipes soignantes.
Un algorithme innovant
Qu’apporte de nouveau la boucle mylife Loop CamAPS FX ?
Il s’agit d’un système hybride de délivrance de l’insuline en boucle fermée qui est développé depuis plus d’une quinzaine d’années par une équipe anglaise, de Cambridge. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle se nomme Cam ; APS signifiant artificial pancreas system. La délivrance de l’insuline est automatisée en temps réel par rapport à la glycémie. L’une des spécificités de ce système est qu’il a été pensé d’emblée pour les adultes et pour les enfants. Alors que les autres systèmes sont d’abord développés pour les adultes, puis essayés chez les enfants. Sa seconde caractéristique est qu’il s’agit d’un dispositif pour lequel nous avons un grand recul de données dans la littérature. Il a été testé dans beaucoup de populations différentes : des adultes DT1, des jeunes enfants DT1, des adolescents DT1, etc. Sa troisième particularité est qu’il se veut, à terme, interopérationnel.
Quelles sont les indications ?
Le système est validé (marquage CE) pour tous les patients DT1 de plus de 2 ans. En France, il faut aussi que :
- Les patients soient sous pompe depuis au moins 6 mois,
- Ils pratiquent le comptage des glucides,
- Ils portent et qu’ils sachent utiliser un capteur,
- Mais aussi que l’HbA1c soit supérieure à 8 %.
Il faut donc que le diabète soit déséquilibré malgré les traitements actuellement disponibles.
Comment fonctionne l’algorithmen CamAPS FX ?
Plutôt que d’adapter les doses d’insuline à la glycémie en temps réel, cet algorithme projette une glycémie à 30 minutes (variable selon les systèmes), en fonction de ce qu’il s’est passé dans les heures précédentes (variation de glycémie, quantité d’insuline qu’il a déjà injectée, quantité de sucre ingéré par les enfants). Ainsi, selon la prédiction réalisée, il calcule la quantité d’insuline à injecter. La grande innovation de ces algorithmes, ce sont ces anticipations. Ils n’adaptent pas l’insuline qu’à la glycémie au temps t, mais ils prévoient déjà comment sera la glycémie dans 30 minutes. Ils sont capables, ainsi, très en avance, soit d’arrêter d’insuline pour éviter une hypoglycémie, soit de rajouter de l’insuline pour éviter que la glycémie ne monte.
L’autre particularité du système est qu’il est auto apprenant. C’est-à-dire qu’il est capable, en fonction du profil glycémique du patient, d’améliorer son comportement. Ainsi, s’il voit que, sur une certaine journée, il n’a pas donné assez d’insuline pour normaliser la glycémie, il va être capable, dans les jours suivants, d’adapter. S’il voit qu’une dose au repas n’est pas correcte, il va la modifier dans les jours suivants. De même, s’il détecte qu’un réglage fait par l’équipe médicale n’est pas bon, il modifie la quantité d’insuline à injecter au moment des repas (il ne peut pas changer le réglage de l’équipe).
Une autre possibilité qu’offre le système est qu’il autorise des variations de cible glycémique pour modifier le comportement de l’algorithme. C’est particulièrement adapté aux enfants. En effet, souvent, en début de nuit (entre 23 h et minuit), par exemple, leur glycémie augmente beaucoup car ils sont au repos. Mais aussi car c’est le moment où ils sécrètent l’hormone de croissance. Ainsi, sur cette période, on peut artificiellement baisser la cible. Afin que le système délivre plus d’insuline, et éviter ainsi cette montée de glycémie.
D’excellents résultats de la boucle fermée mylife Loop CamAPS FX
Quels sont les principaux résultats de mylife Loop CamAPS FX ?
Il permet une amélioration très significative de l’équilibre métabolique avec, dans quasiment toutes les études, à la fois pédiatriques et adultes, un temps dans la cible 70-180 mg/dl à plus de 70 %. Par ailleurs, ce système est globalement très bien reçu par les patients. Il leur apporte également des bénéfices importants en termes de qualité de vie et de qualité de sommeil. C’est très positif pour la charge mentale. Parfois, les premières semaines, c’est clairement positif la nuit, un peu moins la journée, avec tous les aspects, notamment techniques, à maîtriser. Mais, rapidement, après les 3 premiers mois d’apprentissage, tout le monde y gagne en qualité de vie, que ce soit l’enfant ou les parents.
Quelles sont les attentes par rapport aux enfants ?
Les attentes sont énormes parce qu’actuellement les autres systèmes remboursés ne le sont qu’à partir de l’âge de 6 ou 7 ans selon les cas. Or, quasiment une découverte de diabète sur deux a lieu chez un enfant de moins de 7 ans et, chez les enfants DT1, la glycémie est extrêmement variable. Ils sont en effet très sensibles à la fois aux variations glycémiques et à l’insuline. Ainsi, avant l’âge de 7 ans, la demande est d’abord de réussir à les équilibrer, ce qui est très compliqué avec les traitements actuels. De plus, la vie des parents d’enfants diabétiques est assez difficile. En plus des craintes d’accident glycémique, ils doivent notamment gérer l’alimentation et le niveau d’activité physique, souvent erratiques, de leurs enfants. Ils dorment peu, ne peuvent pas les confier, et l’un d’entre eux est souvent obligé d’arrêter de travailler pour s’en occuper à plein temps. Il est clair que l’amélioration de l’équilibre métabolique et la sécurité qu’apportent ces systèmes vont leur changer la vie. Les parents se remettent d’ailleurs à dormir dès la première nuit.
Qu’en est-il en termes de facilité d’emploi ?
Le dispositif a été pensé pour être utilisateurs friendly. Cela demande tout de même un apprentissage. Il s’agit pour le patient et sa famille de perdre d’anciennes habitudes et d’en apprendre de nouvelles. De plus, ces systèmes sont dits en boucle fermée hybride, car, au moment des repas, le patient doit déclarer la quantité de sucre qu’il mange et la pompe calcule la dose en fonction des préréglages qui ont été faits par l’équipe médicale. Ce qui implique que les parents sachent compter les glucides dans les aliments, et l’enfant également en grandissant.
Par ailleurs, le système étant télécommandé depuis un téléphone portable, le patient, même très jeune, doit l’avoir sur lui en permanence. Il faut de plus savoir gérer les outils techniques : les problèmes de capteurs, les connexions perdues, etc. Et, pour que cela fonctionne, il faut que l’équipe médicale puisse avoir accès aux données glycémiques à distance pour effectuer les réglages. Les parents doivent donc savoir connecter le téléphone à Internet, vérifier que la synchronisation se fait correctement, etc. Il ne faut pas être effrayé par la technologie. Pour ce faire, une éducation thérapeutique spécifique est mise en place par les équipes soignantes. En plus, elles effectuent un suivi rapproché durant les 3 premiers mois. Les patients sont télésurveillés et un point mensuel est effectué en consultation pour les rassurer, les encourager afin qu’ils apprennent à collaborer avec le système.
Une télésurveillance essentielle
En pratique, comment cela fonctionne mylife Loop CamAPS FX avec la télésurveillance ?
Le système CamAPS est automatiquement relié au cloud. L’équipe médicale peut ainsi voir en permanence, avec quelques minutes de décalage, les glycémies du patient. Celui-ci n’a rien à télécharger, tout se fait de façon passive par la 3G ou par le Wi-Fi. C’est important parce que cela permet de voir, de réagir rapidement et ainsi d’adapter les doses du patient en temps réel si besoin. Il y a d’ailleurs des plateformes comme Glooko XT qui offrent en plus un système de chat par lequel on peut communiquer directement avec le patient, pour lui expliquer par exemple qu’il faut modifier certains réglages.
La télésurveillance est essentielle pendant les 3 premiers mois de prescription pour aider à l’adhérence au système et faire les réglages le plus vite possible afin que l’algorithme réagisse bien et que les résultats soient bons. La télésurveillance permet de mieux échanger avec le patient. Si le patient nous appelle pour un problème, nous avons les courbes de glycémie sous les yeux, mais aussi tout ce que fait l’algorithme : les doses d’insuline qu’il a données, les alarmes du système, les glucides ingérés… C’est vraiment très riche. On arrive presque à voir tout ce que fait le patient pendant toute la journée. Cela nous permet de vérifier si l’algorithme a dysfonctionné ou si le patient n’a pas bien fait les choses ou encore si un réglage n’est pas bon. La télésurveillance rend les consultations très productives. Et si, en plus, le parent regarde aussi les courbes, c’est très éducatif.
L’initiation et le suivi d’une pompe à insuline en boucle semi-fermée concernent le niveau 2 de rémunération de la télésurveillance, pourquoi ?
C’est lié au fait que la télésurveillance est encore plus essentielle dans les boucles fermées. Et, souvent les premiers mois, il faut regarder quasiment tous les jours, et il y a des moments d’échange et d’éducation thérapeutique, ce qui demande une implication importante des équipes soignantes, mais aussi des parents. Il s’agit d’une télésurveillance plus “lourde” qu’une télésurveillance standard, qui est déjà importante, ce qui explique la différence de valorisation.
Le mot de la fin ?
Nous sommes très contents que ce système soit arrivé en France parce qu’il est adapté aux jeunes patients et que nous avons des données de sécurité et d’efficacité qui sont assez uniques. Nous espérons qu’il pourra s’ouvrir, notamment à d’autres capteurs.
Retrouvez la liste des appareils utilisables avec Glooko XT ici.
Références sur la boucle fermée hybride mylife Loop CamAPS FX :
Fédération française des diabétiques : Mylife loop accessible aux patients atteints de diabète de type 1
Journal Officiel – Arrêté du 3 octobre 2023
MKTG-0242-FR-fr 01