À l’occasion du congrès de la Société francophone du diabète, le Dr. Saïd Bekka, endocrinologue à l’Institut de diabétologie et nutrition à Mainvilliers, a fait une présentation sur l’intérêt de la télésurveillance pour la mise en place de boucles fermées et sur son utilisation en pratique avec Glooko XT®, anciennement Diabnext. En voici les points clés.
Les boucles fermées existantes
L’intérêt des systèmes en boucle fermée hybride a largement été démontré dans plusieurs études et essais cliniques, ce qui a permis la mise à disposition pour les patients de plusieurs modèles. Dans cette perspective, le Dr. Bekka retient quelques études qui ont permis d’améliorer les connaissances sur les bénéfices de ces innovations. Historiquement, le MiniMedTM 670 G de Medtronic a été le premier à être approuvé par la Food and drug administration (FDA) aux États-Unis. Depuis, d’autres modèles ont été mis sur le marché. En France, nous disposons de :
- DBLG1 de Diabeloop qui, depuis l’arrêté du 15/09/21, est indiqué chez l’adulte atteint de diabète de type 1 avec un objectif glycémique non atteint (taux d’HbA1c ≥ 8 %), placé sous pompe pendant plus de 6 mois, et avec une autosurveillance glycémique pluriquotidienne (≥ 4/j) ;
- MiniMedTM 780G de Medtronic qui, depuis l’arrêté du 17/10/22 est indiqué chez l’adulte et l’enfant de plus de 7 ans atteint de diabète de type 1, avec un objectif glycémique non atteint, placé sous pompe pendant plus de 6 mois ( ≥ 8 unités par jour d’insuline) et avec une autosurveillance glycémique pluriquotidienne (≥ 4/j).
- Tandem Control-IQ, qui n’est à ce jour pas inscrit sur la liste des produits et prestations remboursables aux assurés sociaux.
- CamAPS FX de CamDiab et Ypsomed, qui n’est à ce jour pas inscrit sur la liste des produits et prestations remboursables aux assurés sociaux.
D’autres dispositifs sont en cours d’évaluation.
Intérêt de la télésurveillance pour la mise en place de la boucle fermée
Pour les patients
La télésurveillance permet d’apporter des réponses à certaines craintes que peuvent avoir les patients vis-à-vis des systèmes de boucles fermées hybrides. Ils vont pouvoir visualiser leurs données glycémiques et insulinémiques sous forme de graphiques clairs. De plus, le fait de pouvoir observer leurs résultats est encourageant. Par ailleurs, ils peuvent être rassurés par cet accompagnement renforcé. En outre, le suivi à distance est une réponse à la “perte de contrôle” que certains patients pourraient ressentir.
Pour l’équipe soignante
Le Dr. Bekka a souligné que les solutions de télésurveillance permettent une surveillance accrue des patients concernés par la mise en place de la boucle fermée. Elles permettent notamment un renforcement du lien, une meilleure gestion des alertes relatives aux fluctuations de la glycémie, une interprétation des données facilitée.
L’utilisation de solutions de télésurveillance est conforme aux recommandations de la Société francophone du diabète (SFD) dans le cadre de la mise en place et du suivi de l’insulinothérapie boucle fermée.
Télésurveillance & boucle fermée : en pratique
Suivi à distance avec Glooko XT® : une solution simple et universelle
La solution Glooko XT® est actuellement compatible avec les dispositifs MiniMedTM 780G de Medtronic et Tandem Control-IQ. D’autres dispositifs sont en cours d’intégration avec la volonté de devenir une plateforme universelle.
En pratique, la mise en place et l’utilisation de la solution Glooko XT® sont simples. Une fois le patient équipé d’une boucle fermée, il s’agit de l’ajouter depuis l’interface Professionnel de santé et de valider son consentement par mail. Le patient peut alors créer son compte sur l’app mobile ou l’interface web. Il pourra télécharger ses données en fonction de ses équipements et l’équipe soignante pourra effectuer un suivi des données à distance (hebdomadaire) complété d’un accompagnement thérapeutique (mensuel). Le paramétrage personnalisé offre la possibilité de définir des seuils d’alerte en fonction de chaque patient et de déterminer les destinataires de ces alertes parmi les membres de l’équipe soignante. Des patients nécessitant un suivi spécifique peuvent être signalés comme prioritaires, ils sont alors identifiés sur le tableau de bord de l’interface.
Une visualisation optimisée des données dans Glooko XT®
De son utilisation de la plateforme Pro Glooko XT®, le Dr. Bekka retient l’optimisation de l’affichage des données facilitant ainsi leur interprétation et l’ajustement du traitement si besoin. Par défaut, la fiche patient s’ouvre sur le profil CGM ce qui permet de voir rapidement si les résultats sont satisfaisants, et de définir les périodes de la journée sur lesquelles il faut se concentrer si une analyse plus approfondie est nécessaire. Les principales statistiques sont présentées de manière claire : quantité totale d’insuline journalière, ratio basal/bolus, répartition des modes (manuel, sommeil, exercice), arrêts automatiques, variabilité de la glycémie, temps dans la cible…
Des données exhaustives et lisibles
Le Dr. Bekka relève enfin que l’interface propose des courbes quotidiennes précises et légendées de la glycémie, de la quantité de glucides, de l’insuline (patient/automatique versus programmé) ainsi que du mode de la pompe permettant d’identifier les événements (type d’arrêt, purge, bolus…). Elle permet par ailleurs de contrôler le paramétrage de la pompe.
L’innovation par la collaboration
Pour conclure sa présentation, le Dr. Bekka souhaite rappeler qu’il est important que le recours à de nouveaux outils technologiques se fasse en collaboration avec l’ensemble des acteurs du corps médical et des patients ou de ses représentants. Cela permet de proposer des innovations en cohérence avec les besoins et les usages, avec l’objectif d’améliorer la prise en charge des patients.
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Comme chaque année, le congrès de la Société francophone du diabète (SFD) est aussi l’occasion de présenter des produits et des innovations thérapeutiques. Ainsi, lors de l’édition 2023, Sanofi a lancé, en France, SoloSmart®, son premier capteur de données connecté qui enregistre les injections d’insuline en temps réel et les transmet sur une plateforme de suivi telle que Glooko XT®*.
Une collecte automatisée des doses d’insuline injectées
Un enregistrement en temps réel
Adaptable à tous les stylos à insuline pré-remplis Sanofi (SoloStar® ou DoubleStar®), le capteur de données connecté SoloSmart®, développé par Biocorp, permet un enregistrement en temps réel des injections d’insuline. Il enregistre la dose, la date ainsi que l’heure de chaque injection.
Un transfert des données automatisé
Les données d’insuline enregistrées dans SoloSmart® sont ensuite transmises en Bluetooth à une application de suivi, telle que Glooko XT®. Le patient peut ainsi suivre sur une seule et même application les données relatives à son diabète. En effet, les données d’insuline du SoloSmart® sont mises en corrélation avec les autres données éventuellement enregistrées sur son application Glooko XT® : glycémie, photos de plats, activité physique, poids… L’ensemble des informations peut être partagé avec l’équipe médicale du patient, s’il le souhaite. Ainsi dans le cadre d’un suivi à distance, les professionnels de santé ont un accès aux données essentielles du patient.
Des bénéfices pour les patients et pour les professionnels de santé
Une diminution de la charge mentale pour les patients
Le dispositif est destiné aux patients diabétiques de 14 à 80 ans. Il leur permet de maintenir, sans effort, un registre exact et précis de leurs injections d’insuline et de le partager à leur équipe médicale via une plateforme de suivi, qui peut également collecter leurs données de glycémie ou autres.
L’enregistrement automatique, consultable facilement sur leur smartphone, leur permet également d’identifier d’éventuels oublis d’injection.
En outre, ces informations disponibles à tout moment aident le patient dans ses prises de décision quotidiennes pour équilibrer son diabète, facilitant ainsi son autosurveillance et améliorant son autonomie.
Et dans le cadre d’un suivi à distance, la connexion du patient avec son équipe soignante permet de rompre l’isolement dont tant de patients déclarent souffrir.
Cette aide au quotidien vient soulager le patient, diminuer sa charge mentale et donc améliorer sa qualité de vie.
Des données fiables et précises pour les professionnels de santé
Les professionnels de santé disposent d’un outil fiable et précis afin de suivre au plus près l’insulinothérapie de leurs patients parallèlement aux données de glycémie notamment. En effet, les représentations des données remontées dans la plateforme Glooko XT® permettent aux professionnels d’analyser avec précision la situation de leurs patients et pourront ainsi, si cela est nécessaire, faire des adaptations de leur traitement.
Une évolution permise par un écosystème connecté au service des patients
Le capteur SoloSmart® est né de la collaboration de Sanofi avec Biocorp, société française spécialisée dans le développement et la fabrication de dispositifs médicaux et de solutions connectées dans le domaine de la santé. Par ailleurs, la transmission des données est permise par les partenariats noués entre Sanofi et des solutions de télésurveillance, telle que Glooko XT®. Ainsi, il s’agit d’un véritable écosystème connecté, reposant sur les technologies innovantes et interopérables de ses partenaires et au bénéfice des patients.
Laurent Nicolas, directeur général de Glooko France : « Ce partenariat est une combinaison d’expertises pour atteindre cette digitalisation du diabète, aux bénéfices évidents des patients et des professionnels de santé. L’expertise d’un concepteur d’équipement médical, l’expertise d’un fabricant de traitement par l’insuline et enfin l’expertise de notre solution de suivi du diabète. Cette combinaison est une avancée majeure dans la prise en charge, puisqu’elle permet d’optimiser la personnalisation du traitement, pour non seulement stabiliser les patients, améliorer la prise en charge et la relation des patients – professionnels de santé et réduire les complications, ainsi que la charge mentale des patients ».
SoloSmart® sera bientôt disponible en pharmacie
*L’intégration du capteur SoloSmart® est en cours d’intégration dans la solution Glooko XT®, anciennement Diabnext et sera bientôt disponible pour les utilisateurs et utilisatrices du dispositif.
Solosmart® : dispositif médical de classe I (marqué CE). Solosmart® est un dispositif électronique de collecte et de transfert sans fil des données des doses administrées par un stylo injecteur à destination de tous les patients insulino-dépendants utilisant un traitement par stylos à insuline jetables compatibles Solostar® et Doublestar® de Sanofi, âgés de 14 à 80 ans. Lire attentivement la notice. Dispositif médical non remboursé par la sécurité sociale. Fabricant : Biocorp Production – 453 541 054 RCS – ZI de Lavaur, La Béchade, 63500 Issoire, France.
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Au-delà des moments d’échange et de partage, le congrès annuel de la Société francophone du diabète (SFD) permet aux professionnels de santé de se mettre à jour sur les actualités en matière de prise en charge des patients diabétiques. Quelles sont les dernières études et recommandations ? Quelles sont les innovations ? Quelles sont les perspectives ? Le Pr. Éric Renard, endocrinologue au CHU de Montpellier, à l’Université de Montpellier et vice-président de la SFD, fait le point avec nous sur les sujets phares de l’édition 2023.
Quelles sont les thématiques phares qui ont été abordées cette année ?
Comme chaque année, beaucoup de sujets ont été traités. Je retiendrai notamment la prévention du diabète de type 1 (DT1), les actualités autour de la boucle fermée, les différentes facettes du diabète de type 2 (DT2), les liens entre diabète et tabac ou encore le développement de la profession d’infirmiers en pratique avancée (IPA).
Qu’a-t-on appris sur la prévention du diabète de type 1 ?
Une conférence très intéressante de Roberto Mallone a permis d’expliquer les différentes phases de développement du DT1 avec notamment les prédispositions et la présence d’anticorps spécifiques avant les premières anomalies glycémiques. En ce qui concerne la prévention, il a présenté ce qui était actuellement possible ou en développement. En effet, quand ces anticorps sont présents, la question d’immuno-intervention se pose avec, en particulier, le premier anticorps monoclonal, le téplizumab (anti-CD3), dont les résultats d’étude montrent qu’il permet de différer l’apparition du DT1. Il s’agit de données précoces, mais qui ont permis sa validation par la FDA (Food drug administration) aux États-Unis. C’est donc une incitation à rechercher ces anticorps chez les apparentés DT1 (dans une fratrie dont un des membres est DT1 par exemple), afin d’essayer d’identifier le risque de développer la maladie, la perspective étant une immuno-intervention. Celle-ci n’est pas validée, pour le moment, en France, mais cela laisse un espoir de pouvoir intervenir avant que la maladie n’apparaisse et de pouvoir la différer. Pour l’instant, les études ont évalué une seule série de perfusions de cet anticorps monoclonal avec des résultats qui paraissent intéressants. La question est de savoir s’il faut réitérer ces perfusions pour retarder encore plus, voire définitivement, le développement de la maladie. C’est en cours d’évaluation. C’était un sujet très original, qui ouvre une perspective sur des interventions médicales que nous ne faisions pas jusque-là.
Quelles sont les actualités autour des boucles fermées ?
Comme depuis quelques années, la boucle fermée présente un fort intérêt lors du congrès de la SFD. Cette insulinothérapie “automatisée” se développe de manière importante en France, puisqu’il y aurait 10 à 15 000 personnes équipées actuellement, avec de plus en plus d’expériences des diabétologues à ce sujet.
Les critères de mise sous boucle fermée ont été beaucoup discutés lors de ce congrès, car ils étaient initialement assez stricts avec notamment la nécessité de maîtriser l’insulinothérapie fonctionnelle. On s’est aperçu que chez certains patients, motivés, qui ne remplissaient pas parfaitement les critères, la mise sous boucle fermée permettait tout de même d’améliorer significativement le contrôle glycémique, notamment chez les adolescents. Cela augure une possibilité d’ouvrir plus largement cette technologie à des personnes motivées prêtes à suivre le cursus éducatif même s’ils ne sont pas parfaitement maîtres du comptage des glucides et des ratios insuline/glucides.
Il y a eu également des expériences rapportées de grossesses qui ont été menées sous boucle fermée avec des résultats positifs.
Pour rappel, actuellement trois dispositifs sont disponibles en France : MiniMedTM 780G, Tandem Control-IQTM et DBLG1 de Diabeloop, même si pour ce dernier l’entreprise travaille à l’amélioration de la pompe. Le dispositif CamAPS FX, attendu, a obtenu sa validation par la HAS juste avant le congrès. Par ailleurs, les études sur l’Omnipod® 5 débutent en France, sur lesquelles la HAS s’appuiera pour donner son avis. Ce dispositif est également très attendu car il s’agira de la première boucle fermée avec un patch pompe.
Peut-on aujourd’hui distinguer les différentes formes de diabète de type 2 ?
Plusieurs communications ont traité des différentes facettes du DT2. Je pense notamment aux essais de “déchiffrement” des endotypes du DT2, puisqu’on sait qu’il s’agit d’une maladie très hétérogène, avec des patients rapidement insulinodépendants, d’autres plus tardivement insulinodépendants, mais plus insulinorésistants. Il y a eu des propositions de classification notamment par les Scandinaves il y a quelques années. Ce n’est pas encore tout à fait bien établi, mais cela permettrait de distinguer les différentes formes de DT2 et d’orienter les patients vers telles ou telles thérapeutiques en fonction de leurs caractéristiques (défaut d’insulinosécrétion, insulinorésistance…). C’est un travail en cours, qui souligne l’hétérogénéité du DT2, et pourrait permettre à terme une meilleure prise en charge.
Quels sont les liens entre tabac et diabète ?
Ce thème avait été assez peu abordé jusque-là. Le Pr. Vincent Durlach, président de la Société francophone de tabacologie, a abordé cette année les risques du tabagisme pour induire un DT2. En effet, le fait de fumer entraîne une certaine insulinorésistance, donc, chez les sujets à risque, cela peut promouvoir l’apparition du diabète. Il a également fait le point sur toutes les conséquences néfastes du tabac en particulier sur le plan vasculaire avec l’augmentation du risque des complications macrovasculaires. Un fort accent a été mis sur la nécessité d’essayer de faire arrêter de fumer les patients à risque de devenir diabétique ou déjà porteurs d’un diabète, car il y a tout de même plus d’un quart des patients avec un diabète qui sont fumeurs.
Qu’apportent les infirmiers en pratique avancée en diabétologie ?
Cette nouvelle profession était en quelque sorte un chaînon manquant qu’il y avait dans la prise en charge des patients porteurs de diabète, entre les diabétologues, les infirmiers d’éducation et les diététiciens. Il a été largement souligné l’intérêt de cette profession qui est un peu intermédiaire entre médecins et infirmiers avec des responsabilités propres de suivi, de prescription, toujours en lien avec un diabétologue. Les IPA sont très importants pour faciliter la prise en charge, et surtout le suivi des patients avec un diabète, notamment ceux qui ont besoin de plus d’attentions. Les IPA peuvent également être impliqués dans la télésurveillance, ce qui participe au renforcement du suivi. Ils ont la possibilité de modifier les prescriptions dans le cadre prédéfini avec le diabétologue et ont un devoir d’alerte quand ils s’aperçoivent que le programme thérapeutique n’est pas efficace. Ils ont aussi un rôle dans le dépistage des complications et peuvent prescrire certains examens tels que des fonds d’œil, des bilans cardiaques ou encore des examens biologiques pour détecter une éventuelle atteinte rénale par exemple. Il s’agit d’une vraie collaboration avec le diabétologue avec lequel l’IPA travaille.
Quel bilan tirez-vous de cette édition ?
C’était une très belle édition, avec un taux de participation très important (4 500 participants, dont 300 à distance), avec très peu d’absentéisme (moins qu’à Nice en 2022), malgré le contexte social et les difficultés dans les transports, ce qui prouve la motivation des diabétologues et des paramédicaux à venir à ce congrès.
Et l’année prochaine ?
La prochaine édition aura lieu en mars 2024, à Toulouse. Il y aura bien sûr une certaine continuité par rapport aux thématiques de cette année avec également de nouveaux sujets en fonction de l’actualité. Nous commençons d’ores et déjà à y travailler !
Pour en savoir plus : les replays sont disponibles sur www.congres-sfd.com.
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